Pologne, la quête du bonheur en couleurs

Au cœur de la capitale polonaise, le Be Happy Museum accueille des visiteurs de tous âges. Avec ses décors colorés, ses installations ludiques et son ambiance chaleureuse, il invite chacun à vivre des expériences partagées. Le musée du bonheur est un lieu d’interaction et de partage particulièrement apprécié des enfants.

“Chaque adulte a un enfant qui sommeille en lui. Et ici, tout est conçu pour se plonger à nouveau dans l’enfance”, raconte Nella, designer d’intérieur aux cheveux châtains et aux yeux marron qui pétillent. Avec sa famille, elle est venue dimanche, le 26 janvier, au Be Happy Museum, un lieu immersif situé à Varsovie. Nella a été attirée par l’endroit “tout rose et créatif” après avoir vu une vidéo réalisée par une amie. “Quand j’ai vu les images, j’ai su que je devais venir”, confie-t-elle avec un sourire, comme si elle partageait un secret précieux. Nella a particulièrement aimé la balançoire en forme de pastèque géante. Bien qu’elle soit adulte, elle trouve du plaisir à tester les installations du musée.

Nella, décoratrice d’intérieur, qui est venue visiter la musée Be Happy. Crédit photo : Anna Vasylenko / CELSA.

Voir la vie en rose ?

Yana, une mère de famille et professeur d’anglais aux cheveux blonds et aux yeux gris, est venue au musée du bonheur avec son mari et sa petite fille de 3 ans. Elle a été immédiatement séduite par l’ambiance ludique du lieu. “C’est un endroit merveilleux où nous passons de très bons moments ensemble”, dit-elle avec un grand sourire. Pour elle, le bonheur c’est de voir les “yeux brillants” de sa famille. Bien qu’elle trouve parfois son quotidien de mère de famille un peu monotone, la visite au Be Happy Museum lui permet de se projeter dans le monde de la poupée Barbie, habillée elle-même d’un T-shirt rose. “J’aime tout dans ce musée, mais la piscine avec des ballons roses me plaît particulièrement”, explique sa petite fille, sortant d’un bus tout rose.

Yana, professeure d’anglais, avec sa petite fille au Be Happy Museum à Varsovie. Crédit photo : Anna Vasylenko / CELSA.

Le premier « musée du bonheur » en Pologne

Avec des murs peints dans des teintes pastel éclatantes, allant du rose doux au bleu ciel, le musée offre à ses visiteurs des zones spécialement conçues pour prendre des photos. Chaque espace est élaboré pour stimuler l’imagination. Des installations uniques, comme des donuts géants colorés ou des licornes, invitent les visiteurs à interagir avec les décorations. Dans la salle des illusions, les visiteurs se retrouvent dans une chambre de miroirs ornée de lumières imitant des étoiles. C’est un environnement où l’évasion de la réalité est non seulement possible, mais encouragée.

Ce premier « musée polonais du bonheur et de l’illusion » est ouvert depuis 2018. C’est un lieu destiné à tous, tant aux amateurs de réseaux sociaux qu’à ceux qui souhaitent simplement passer un bon moment. Quatre lieux immersifs privés, membres du même réseau Be Happy, existent dans les villes de Szczecin, Zakopane, Varsovie et Cracovie.

Ouverts du lundi au samedi, de 10 h à 20 h, et le dimanche jusqu’à 21 h, les établissements Be Happy peuvent être privatisés pour des sessions de photographie ou des tournages professionnels. La visite dure au moins une heure. Le tarif d’entrée est de 60 zlotys (soit environ 14 euros) pour un adulte et 1 zloty (soit 24 centimes) pour les enfants de moins de 3 ans.

Les décorations du musée Be Happy, situé à Varsovie. Crédit photo : Anna Vasylenko / CELSA.

Un lieu d’interaction et d’échanges

“Nous souhaitons transmettre aux gens l’idée qu’ils doivent rester positifs, et passer du temps ensemble, apprécier les petits bonheurs de la vie quotidienne”, explique Monica, employée au Be Happy Museum. Elle s’efforce de créer une atmosphère chaleureuse pour tous les visiteurs. “Le musée reçoit environ mille personnes par mois”, explique la jeune femme dans la vingtaine, avec des cheveux châtains bouclés qui tombent délicatement sur ses épaules. Sa voix douce et apaisante inspire confiance. Pour elle, le bonheur réside dans les relations humaines. Elle observe que les souvenirs, capturés sur des photos, sont essentiels pour les Polonais car “ils permettent de conserver des moments précieux”.

Monica, employée du Be Happy Museum. Crédit photo : Anna Vasylenko / CELSA.


Selon une étude de l’Association américaine de la psychologie menée depuis 2016, “prendre des photos rend les gens plus heureux.” Cela s’explique par le fait que les gens deviennent plus attentifs et impliqués dans ce qu’ils font. Ils se concentrent davantage sur l’expérience et y prêtent plus d’attention.

Perception du bonheur à travers des générations

D’après Monica, la perception du bonheur dans la société polonaise diffère d’une génération à l’autre. Pour les générations plus anciennes, le bonheur est souvent ancré dans des concepts de sécurité et de stabilité. La prospérité matérielle, la stabilité professionnelle et la capacité à subvenir aux besoins de la famille sont des sources essentielles de satisfaction. “Mes parents sont plus attachés aux biens matériels que moi”, explique une jeune Polonaise. Ces individus ont grandi dans des périodes où les incertitudes économiques étaient fréquentes, ce qui a renforcé leur quête d’une existence stable et prévisible. Pour eux, le bonheur se mesure souvent par des indicateurs concrets, tels que l’acquisition d’une maison ou la sécurité d’un emploi à long terme.

En revanche, les jeunes Polonais tendent à voir le bonheur sous un angle différent. Ils privilégient des expériences enrichissantes et des relations humaines. Cela reflète une évolution dans la compréhension de ce qu’est le bonheur. Les relations, les moments de partage et l’authenticité sont désormais au cœur d’une vie épanouie. Ainsi, bien que la définition du bonheur puisse varier selon les générations, elle reste profondément personnelle et ancrée dans les valeurs de chacun.

Anna Vasylenko









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